13 décembre 7h30. Départ de notre auberge pour en rejoindre une autre qui organise une excursion dans le parc national du Terelj. Nous craignons que le froid soit encore plus rude hors de la ville, alors nous nous équipons au maximum. Nous retrouvons dans la salle commune de l’auberge nos deux futurs compagnons. Ce sont deux thaïlandais de 25 et 30 ans se prénommant Him et Tor. Nous avons à peine le temps de faire connaissance que notre chauffeur arrive. Les sacs chargés dans la voiture, nous voilà en route pour le parc national. Au bout d’une heure d’une conduite… disons sportive, nous avons enfin sous les yeux le paysage mongol que nous attendions. C’est superbe ! De grandes routes droites nous font traverser la steppe mongole, puis des plaines vallonnées, pour arriver dans les montagnes.
Nous atteignons un campement de yourtes. Le cadre est magnifique, les montagnes nous rappellent celles que nous connaissons bien : la Chartreuse, mais la similitude s’arrête là. Nous sommes entourés de yourtes dispersées, mais nous pouvons facilement reconnaître l’organisation du campement en fonction des familles. Chacune a une ou plusieurs yourtes, un enclos pour les chevaux et …des toilettes, pour le moins, spartiates ! Celles-ci ressemblent extérieurement aux toilettes de jardins que nos parents ou grands-parents ont pu connaître, mais l’intérieur est, en fait, une simple fosse creusée dans la terre !
Parmi les yourtes, les vaches vaquent en toute liberté et en paix, mais dès qu’elles s’approchent trop près de la zone de vie des familles, alors là, elles se font chasser à grands cris !
Nos hôtes : un couple avec quatre enfants, dont un nourrisson. C’est la fille aînée des enfants, âgée d’une dizaine d’années, qui a en charge notre accueil. Nous n’avons pas de langage en commun avec elle, mais elle nous montre notre yourte que nous partageons avec les deux thaïlandais. L’habitation est aménagée autour du poêle. Les lits, au nombre de quatre sont installés contre les parois de la yourte, la table et les chaises près du poêle, un “lavabo” (comprendre un entonnoir au-dessus d’un évier) et une télé ! Nous nous demandons bien pourquoi d’ailleurs, car le seul accès à l’électricité est une ampoule au sommet de la yourte.
A l’intérieur, le poêle fonctionne à plein régime ce qui fournit une température très agréable. Il fait même presque trop chaud, comparé aux -25°C du dehors. La fille vient nous apporter le déjeuner constitué de soupe à la viande de moutons, de “pain” et de beignets. Repas très nourrissant et donc très approprié pour lutter contre le froid extérieur. Pour nous, c’est aussi l’occasion de discuter avec Him et Tor. Ils viennent de Bangkok et sont deux… ingénieurs informaticiens ! De quoi donner des sujets de conversation à Fils. Nous apprenons qu’ils font le voyage dans le sens inverse du nôtre c’est à dire, de Beijing à Saint-Pétersbourg. Ils ont prévu, aussi, d’aller en Europe et de terminer par l’Italie. Pour eux, ce voyage d’un mois représente les congés de deux années de travail ! En effet ils ont dû prendre tous les congés de cette année mais aussi ceux de l’année prochaine, pour pouvoir effectuer ce voyage pas banal pour des thaïlandais. Nous nous entendons très bien avec eux, ils sont ouverts, souriants, curieux et ravis de nous faire partager leurs impressions. C’est une aubaine pour nous qui avions les mêmes attentes.
C’est, donc, ensemble que nous décidons d’aller faire une balade vers un monastère perché dans la montagne dont nous a parlé notre chauffeur. Nous trouvons la direction tant bien que mal grâce aux habitants des alentours qui, par des signes de prière, nous indiquent le chemin. C’est simple comme communication et terriblement efficace ! Cette excursion nous offre encore une belle surprise. Cette balade se fait dans un cadre idyllique. Le temps est parfait, le paysage sublime, le silence profond. Nous devons traverser une rivière à l’aide d’un pont suspendu digne des expéditions himalayennes. Nous avons l’impression d’aller au bout du monde. L’ultime chemin pour accéder au monastère est bordé de centaines de panneaux sur lesquels sont inscrits des proverbes ou légendes bouddhistes. Fils a l’impression de faire un pèlerinage spirituel inattendu. Pour Tor et Him, l’expérience est tout aussi forte mais pour des raisons différentes : les temples bouddhistes, pour eux, n’ont rien d’exceptionnels, mais par contre, l’hiver, la neige, ça c’est nouveau ! C’est la première fois qu’ils marchent sur la neige ! En Thaïlande, il n’y a que deux saisons, et le froid ne fait pas partie de leurs vies. Quel bonheur de pouvoir partager nos impressions avec eux !
Nous atteignons le monastère dans un silence impressionnant.
Le temps d‘en faire le tour, nous sommes rejoints par un moine. Il nous propose de visiter le monastère pour quelques Tugrik. Il est pratiquement aveugle et doit mettre les billets à deux centimètres de son œil droit pour en voir le montant. Nous vous laissons découvrir en photo l’intérieur :
Après avoir remercié le moine, nous montons encore un peu pour atteindre un lieu de prière à l’écart du monastère. Entre la quiétude qu’il y règne et le paysage magnifique, le lieu est effectivement très propice à la contemplation ! Après un long moment à savourer ce cadre exceptionnel, nous nous décidons à redescendre.
De retour au campement, les deux aînés de la famille nous attendent avec quatre chevaux… Nous allons chevaucher au milieu de la Mongolie ! C’est la première fois que Tor et Him montent à cheval… Un vrai voyage initiatique pour eux ! Finalement, la balade ne durera qu’une demi-heure. C’est un peu décevant. Mais tout bien considéré, nous sommes contents que cela n’ait pas été plus long car nous sommes assez statiques sur le cheval, et la nuit tombante est accompagnée du froid glacial.
Nous rejoignons la yourte où un bon repas nous attend : des spaghettis avec du mouton. Puis, le temps de faire quelques photos au clair de lune avec nos deux compagnons, la fatigue et le froid (toujours, toujours) nous rattrapent. Nous décidons donc, d’aller nous coucher.
La nuit sera dure pour nos amis thaïlandais (ils ont eu très froid) mais la matinée suivante apportera à Choub une photo qui sera sélectionnée dans un concours international ! Et qui sera exposée au Canada et en Inde ! Mais ça, c’est pour plus tard…