“4 jours, 4 nuits” ou “5185 km” en train….

2 Décembre. Minuit. Nous arrivons à la gare de Moscou. Notre train part dans 30 minutes. Nous avons à peine le temps de nous rentre compte que nous allons prendre le transsiberien, qu’il faut déjà rejoindre le quai. Mais lequel ? Heureusement une petite foule se presse à l’annonce du train. Nous la suivons et arrivons finalement devant notre wagon.

Je fais une petite pause pour vous décrire un peu comment fonctionne le transsiberien : Il y a deux choses primordiales qu’il faut savoir. Premièrement, il y a une hôtesse et IMG_1113maitresse (c’est un peu le boss du matoss..) à bord de chaque wagon : la “provodnista”. Le but étant évidemment de gagner sa sympathie pour rendre le voyage encore plus plaisant. Deuxièmement, situer le sacro saint Samovar ! C’est un distributeur d’eau chaude. En Russie, chaque maison en a traditionnellement un depuis des siècles. Jadis, c’était une coupe remplit d’eau avec une double enveloppe contenant des braises pour garder l’eau proche de l’ébullition. Il permet de se faire du thé ou infusion n’importe quand mais aussi de manger des soupes ou plats lyophilisés.
Pour le reste, les passagers sont en général très détendus et très ouverts. Ils cherchent souvent à ouvrir la discussion spontanément et de connaitre un peu leurs voisins. Pour les points moins sympas : pas de douche et pas d’eau potable (sauf celle chaude du Samovar).
On peut reprendre… la “provodnista” vérifie nos billets, malheureusement et sans trop _MG_2140du surprise elle ne parle pas anglais. Choub partit en vadrouille prendre des photos, c’est Fils qui tente la communication… sans trop de succès. Qu’importe nous montons et nous découvrons notre compartiment de 4 lits avec à l’intérieur deux russes dont l’un parle Anglais ! C’est donc tout naturellement que nous discutons avec lui. Nous apprenons vite que beaucoup de personnes qui voyage à bord le font pour le travail. Il nous fait par de son étonnement concernant notre voyage : “4 days and 4 night in a upper bed… you must be crazy !”. Constantin (se prononce Constantine), le deuxième camarade de compartiment sera l’un des deux bourreaux de notre première nuit… C’est un gros gros GROS ronfleur. Durant la nuit, Choub, Fils et Igor échangent des regards incrédules et impuissants. C’est difficile de réveiller quelqu’un alors que nous n’avons encore que très peu parler. Tant pis, nous prenons notre mal en patience. Mais le vrai problème c’est la chaleur. Nous partons pour la Sibérie est comble de l’ironie c’est la chaleur qui sera le plus difficile à supporter. Plus de 30°, de plus, il n’y pas ou peu d’ouverture du coup l’air est confiné. Durant la nuit, Choub va prendre l’air au seul endroit moins chaud du train… les compartiments fumeurs ! (Ironie, ironie…) Le jeune disparaitra tôt le matin pendant notre sommeil durement gagné et Constantin lui partira un peu plus tard, en pleine forme !
Le lendemain nous découvrons un nouveau voisin, Igor. Il ne parle pas anglais. Mais IMG_0943nous arrivons quand même a communiqué à l’aide des mots clefs du guide, de notre traducteur électronique (sacrément pourri d’ailleurs…), beaucoup de gestes et surtout de la patience ! Il est très souriant, ça change des Moscovites. Nous partageons Thé et Repas en échangeant des mots :
– “kou-ri-tsa” (poulet) ?
– Niet “Krolik” (lapin)
– Da, spasiba !
C’est très sympa.
Une autre rencontre le même jour, mais beaucoup plus étrange. Un homme travaille sur un ordinateur portable dans le couloir (seul endroit où il y a des prises) interpelle Fils. Chose qui se fait beaucoup dans le train car les gens y sont très facile d’accès et très curieux. La discussion était agréable, “you’re french ? Why do you come in Siberia ? Do you like Edith Piaf ? Siberia don’t afraid you, prison etc… ?”. Fils explique que le transsiberien est quelque chose qui fait rêver pour beaucoup d’européens (Chose que peu de russes comprennes d’ailleurs !). Ensuite, il parle d’une manifestation qui a eu lieu à Paris il y a 4 ou 5 mois. Il y aurait eu plus de 3 millions de gens dans Paris, les catholiques (priant dans la rue) et les communistes ensemble contre… le mariage pour tous ! Les communistes français contre le mariage pour tous ? Choub l’aurait sû tout de même ! Fils commence à démentir, et à appeler Choub en renfort. Choub stipule que non. L’homme insiste : “it was on russian TV ! your government is hidding it to you.”. Choub essaie de lui donner son point de vue “It’s a message to russians people from YOUR government.”. Mais l’homme ne veux rien entendre. Fils essaie de conclure cette discussion au plus vite : “Strange. I don’t think so.”. L’homme finit par lâcher : “I bet you don’t even know that know on the birth document ‘father’ and ‘mother’ are replace by ‘parent 1’ and ‘parent2’, that horrible !”, et surtout il conclut : “you should inform yourself about that fact !”. Nous décidons de ne pas continuer se dialogue de sourd surtout dans le contexte actuel…

<A partir de maintenant, nous mettrons plus de date sur ce voyage en train, car tout est un peu confus étant donné que les jours se ressemblait beaucoup. Ce sera donc une succession d’anecdotes et de rencontres.>

Nous passons beaucoup de temps dans le wagon restaurant, mise à part la musique IMG_0950(souvent variété russe ou française !), c’est l’endroit le plus agréable : peu de monde, température agréable et tables ! Ce fut un lieu pour plusieurs rencontres.
L’une d’elle est avec deux colosses russes qui lance la discussion par une question que nous ne comprenons pas mais auquel on répond systématiquement “Niponimaï. Fransuske” (qui voudrait plus ou moins dire : “je ne comprends pas. Français”. Loin de se démonter. Ils demandent “Paris?”. Nous sortons une petite carte pour le montrer la ville de Grenoble.
– “Da ! Football team ?”
– “Niet. <pousse retourné> Lyon, Da !
– “Olympique Lyonnais ?”
– “Da !”
Jusque ici tout va bien, Fils tente de découvrir le club qu’ils supportent. Mais se n’est pas une chose aisée.. l’inimitié est forte entre les trois grands club russe. Il tente tout de même :
– “CSKA Mokba ?”
– “NIET ! <fait semblant de s’énerver>”
– “Zenith ?”
– “NIET ! <signe de dégout, pousse vers le bas qui écrase quelque chose> Poutine club. NIET ! SPARTAK ! <bras levé du supporter qui chante>”
C’était bien tenté… Ensuite une discussion très philosophique que nous ne pouvons vous cacher.
– “Zidane. football <pousse levé>, Kharakter <pousse baissé>”
– “Da !”
Choub tente a son tour :
– “Platini ?”
– “Football <pousse levé>, Kharakter <pousse levé>”
Les russes pensent alors aux barrages de la coupe du monde, et sont absolument ravis de la défaite des Ukrainiens… Ca nous fait rigoler !
Fils tentera un petit pas vers son sport :
– “Football <montre son pied>, Handball <montre sa main>”
– “Da ! you ?”
– “Da !”
– “Dujshebaev ?”
– “Niet.”
Tant pis !

 

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Le paysage est principalement un mur de Taïga (forêt), mais parfois nous pouvons entrevoir des plaines avec les maisons en bois, des petites montagnes ou alors nous prenons des ponts immenses pour traverser les grand fleuves (par exemple l’Ob ou le Ienisseï – 1km !)

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Dans notre quête de rencontres, nous avons amené des Papillotes. Avec la Provodnista ça marche ! Elle adore, et nous asseyons donc de communiquer. Mais les conversations finissent très très rapidement par un fatal “Niponimaï” (je ne comprends pas) … Ce qui à la fois l’énerve et la fait rigoler !

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Les journées sont rythmées par :

  • l’unique repas que nous donne la femme du restaurant. Unique repas presque suffisant, nous ne dépensons de l’énergie que pour combattre la chaleur !
  • Le rechargement de l’ordinateur avec le peu de prises disponibles dans le couleur du wagon.
  • Les pauses longues (1 à 2 dans la journée) dans certain_MG_2062es gare. Choub par souvent prendre des photos. Fils lui fait un petit tour, échange de mot avec la provodnista puis retourne au chaud.
  • Les siestes pour récupérer des nuits durant lesquelles nous dormons mal.

Nous croisons souvent de long, très long trains de marchandise. A défaut de moutons, Fils s’amuse parfois à compter leurs wagons la nuit. Le record étant à 70 !

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Une petite russe (6 ans) offre spontanément un chocolat à Choub, celui-ci va alors chercher les papillotes pour en offrir à toute la famille. Nous décidons alors de mettre nos papillotes en libre services sur la table de notre compartiments.

A la gare de Novosibirk, Choub découvre deux statues en mémoire de la seconde guerre mondiale : un homme qui dit au revoir à son fils ainsi qu’une femme et son fils qui agite la main en direction du train. Les Nazis ne sont pas venus jusque là, mais beaucoup de soldat sont partis de cette gare pour ne jamais revenir…_MG_2164

5 Décembre. Le dernier jour, la provodnista intrigué par nos photos nous demande de les montrer. Elle ne comprend pas pourquoi on accorde autant d’importance à la neige et la glace qui assaille le train. On essaie de lui expliquer que c’est parce que nous en France on a pas l’habitude. Finalement, elle vient dans notre compartiment avec un disque. Nous échangeons alors des photos ! Elles nous donnera entre autre une superbe photo de Vladivostok sous un orage !

 

 

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